Les fausses couches sont une étape douloureuse que certaines femmes traversent dans leur vie. Dans cet article, le couple Dembélé partage leur douloureuse expérience d’une fausse couche en 2023, qui a surmonté les difficultés et la stigmatisation. Ensemble, ils plaident en faveur d’une sensibilisation, contestent les mythes préjudiciables et encouragent les gens à se renseigner sur les véritables causes des fausses couches.
Un après-midi chaud à Banakoroni, une localité située à 15 kilomètres de Ségou, au centre-sud du Mali, Adiara Fofana épouse Dembélé, se repose à l’ombre de sa maison. À côté, son époux Aboubacar Dembélé s’occupe de quelques travaux ménagers. Le couple a vécu l’expérience d’une fausse couche en 2023, mais madame Dembélé déclare : « Grâce au soutien de mon mari, on a surmonté les difficultés ensemble. »
La femme âgée d’une vingtaine d’années est maintenant mère de deux enfants et elle mène une vie paisible avec son mari. Cependant, les mythes et les tabous qui entourent la fausse couche au sein de sa communauté ont amené madame Dembélé à être marginalisée. Elle déclare : « Dans notre communauté, les gens pensent que perdre une grossesse est une malédiction due au non-respect de certaines coutumes. » Madame Dembélé ajoute : « En plus de la douleur et de la déception, j’ai souffert du mauvais regard de certaines personnes. »
Certaines communautés croient que la perte d’une grossesse est due à des avortements clandestins pendant la jeunesse ou au non-respect de certaines traditions. Madame Dembélé déclare : « Selon la tradition, quand une femme est enceinte, elle ne doit pas être hors de sa cour au crépuscule. Cela peut être une source de malédictions. »
Mais, après les consultations, l’agent de santé a établi que la perte de grossesse de madame Dembélé est la conséquence d’une infection sexuelle non traitée. Il a sensibilisé le couple sur les causes réelles d’une fausse couche. Ces conseils leur ont permis de comprendre qu’une fausse couche n’est pas liée aux croyances traditionnelles qu’ils avaient reçues.
Les fausses couches : mythes et réalités
Mariam Dakouo est sage-femme et spécialiste en santé sexuelle et reproductive à Population Services International à Ségou. Elle explique qu’une fausse couche est l’interruption spontanée ou provoquée d’une grossesse avant terme. Elle survient très souvent avant le troisième mois de la gestation. Elle souligne qu’il y a des fausses couches tardives qui surviennent entre le troisième et le cinquième mois. Madame Dakouo ajoute que les saignements vaginaux en début de grossesse peuvent être signes d’une fausse couche.
Madame Dakouo estime que les mythes entourant les fausses couches au sein des communautés sont infondés. Elle précise que l’âge des futurs parents, les anomalies chromosomiques et embryonnaires, les infections bactériennes sont en cause dans la plupart des cas.
Les fausses couches concernent à peu près 10 à 15% des grossesses selon les données de l’OMS.
Monsieur Dembélé a refusé d’abandonner son épouse lors de la fausse couche malgré la pression de la famille. Il explique : « Les gens pensaient que c’était une malédiction. Ils m’ont conseillé d’abandonner ma femme, mais j’ai refusé. » Madame Dembélé affirme avoir récupéré grâce aux traitements et à l’accompagnement de son époux. Elle déclare : « J’ai compris que ces croyances traditionnelles concernant une perte de grossesse ne sont pas vérifiées. » Aujourd’hui, elle sensibilise activement les femmes de sa communauté sur ces mythes grâce aux conseils du médecin et à son vécu.
Rédaction: Fatoumata Z. COULIBALY
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