
Le droit à la santé est un droit humain fondamental reconnu par la Déclaration universelle des droits de l’homme (article 25). Il garantit à chaque individu le meilleur état de santé physique et mentale possible, sans distinction de sexe, d’âge ou de condition sociale. Pour les femmes et les enfants, ce droit revêt une importance particulière, car il conditionne la survie, le développement et la dignité humaine.
Au Niger, pays à forte croissance démographique et à majorité rurale, la question de l’accès à la santé reste un défi majeur. Malgré des avancées notables au cours de la dernière décennie, les disparités régionales, la pauvreté et les obstacles socioculturels freinent encore l’effectivité de ce droit pour les plus vulnérables.
Cadre juridique et politique
Le Niger a intégré le droit à la santé dans plusieurs textes juridiques. La Constitution nigérienne consacre ce droit comme un devoir de l’État envers les citoyens. Le pays est également partie prenante de nombreuses conventions internationales, dont la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) et la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE).
Sur le plan des politiques publiques, plusieurs programmes visent la santé maternelle et infantile : la Politique nationale de santé, le Plan de développement sanitaire (PDS), ou encore la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans, mise en place pour réduire la mortalité. Ces dispositifs témoignent d’un engagement étatique à concrétiser le droit à la santé pour tous.
Progrès réalisés
Au cours des dernières années, des progrès significatifs ont été enregistrés. Le taux de mortalité infantile a diminué, passant à environ 60 décès pour 1 000 naissances vivantes en 2022 (UNICEF / World Bank). Le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans est estimé à 115 décès pour 1 000 naissances vivantes, contre plus de 200 au début des années 2000, soit une amélioration importante.
Le taux de mortalité maternelle a également baissé, atteignant 441 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2020 selon la Banque mondiale. Cette baisse, bien que lente, traduit un effort continu en faveur de la santé reproductive.
Des campagnes de vaccination ont permis d’accroître la couverture sanitaire : 84 % des enfants ont reçu les trois doses du vaccin DTP en 2022 (UNICEF). Par ailleurs, des initiatives communautaires et des partenariats avec des organisations comme l’OMS, l’UNICEF ou l’UNFPA ont contribué à renforcer les infrastructures et à former des agents de santé communautaires. Dans certaines régions, les cliniques mobiles et maisons de la maternité ont favorisé l’accès aux soins pour les populations rurales éloignées.
Ces données confirment les progrès réalisés, mais aussi la nécessité de poursuivre les efforts pour garantir des soins de qualité à toutes les femmes.
Les graphiques ci-dessous illustrent ces tendances et progrès observés dans le domaine de la santé maternelle et infantile.
Ces données confirment les progrès réalisés, mais aussi la nécessité de poursuivre les efforts pour garantir des soins de qualité à toutes les femmes.
Obstacles persistants
Cependant, les défis demeurent nombreux. Les inégalités géographiques restent marquées : les zones rurales, où vit plus de 80 % de la population, manquent cruellement de centres de santé et de personnel qualifié. Les femmes, souvent dépendantes financièrement et soumises aux décisions familiales, rencontrent des obstacles pour se rendre à l’hôpital ou suivre un traitement.
Le manque de médicaments essentiels, l’insuffisance du financement public et la charge de travail élevée du personnel médical aggravent la situation. Le taux d’accouchements assistés par un personnel qualifié reste faible : seulement 39 % selon les dernières données disponibles (UNICEF, 2016).
À cela s’ajoutent des freins socioculturels tels que la préférence pour les accouchements à domicile, la méfiance envers certains traitements modernes ou la stigmatisation liée à la santé reproductive. Ces facteurs limitent encore l’accès effectif à des soins de qualité.
Témoignages et vécus
Dans plusieurs localités rurales, des femmes témoignent de la difficulté à atteindre un centre de santé, souvent situé à plusieurs kilomètres.
« Quand une femme enceinte tombe malade, il faut parfois parcourir plus de quinze kilomètres à pied ou en charrette », raconte une mère de quatre enfants.
De leur côté, les agents de santé évoquent le manque d’équipements et de motivation. « Nous faisons ce que nous pouvons, mais il nous manque tout : médicaments, matériel, parfois même l’électricité », confie une sage-femme d’un centre de santé intégré.
Ces témoignages traduisent la réalité quotidienne entre volonté politique et conditions de terrain, un écart persiste encore.
Comparaison régionale et internationale
Comparé à d’autres pays du Sahel, le Niger a fait des efforts notables, mais reste en retard sur plusieurs indicateurs. Selon les rapports de l’OMS et de l’UNICEF, la région Afrique de l’Ouest et du Centre enregistre une moyenne de 91,5 décès pour 1 000 naissances vivantes pour les enfants de moins de cinq ans (2022), alors que le Niger dépasse encore la barre des 110.
Toutefois, les progrès observés dans des pays comme le Burkina Faso ou le Sénégal montrent qu’une combinaison de volonté politique,de financement durable et de participation communautaire peut accélérer la transformation du système de santé.
Recommandations et perspectives
Pour renforcer le droit à la santé au Niger, plusieurs pistes s’imposent :
Accroître les investissements publics dans les infrastructures et la formation du personnel de santé ;
-Accélérer la construction et l’équipement des centres de santé, notamment dans les zones rurales et enclavées, afin de rapprocher les services de santé des populations et réduire les délais d’intervention en cas d’urgence ;
-Promouvoir une décentralisation sanitaire permettant une meilleure couverture des zones rurales ;
-Renforcer les campagnes de sensibilisation communautaire, notamment sur les soins prénatals et la santé des enfants ;
-Impliquer davantage les femmes leaders et organisations locales dans la conception et le suivi des politiques de santé ;
-Favoriser les partenariats public-privé et la collaboration avec les ONG pour combler les manques.
L’accès à la santé pour les femmes et les enfants au Niger n’est pas seulement un enjeu sanitaire : c’est une question de dignité et de justice sociale. Malgré les avancées notables, les obstacles persistent et rappellent que le droit à la santé doit se traduire dans les faits, pas seulement dans les textes.
Garantir ce droit, c’est garantir le développement du pays tout entier. Car un Niger en bonne santé, c’est un Niger plus fort, plus équitable et plus humain.
Rédaction: Mariama Ousmane
Cette publication WanaData a été soutenue par Code for Africa et la Digital Democracy Initiative dans le cadre du projet Digitalise Youth , financé par le Partenariat Européen pour la Démocratie (EPD)


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