Au Niger, l’école reste un privilège également partagé. Dans les zones rurales, l’écart entre filles et garçons demeure préoccupant malgré les efforts des autorités et des partenaires. Alors que l’éducation est reconnue comme un levier de développement, des milliers de filles voient encore leurs rêves d’école interrompus par des barrières sociales, économiques et culturelles.
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En 2022, selon l’Institut de statistique de l’UNESCO (ISU), seuls 54 % des filles atteignent le cycle primaire contre 61 % des garçons.
En 2023, les données de l’UNICEF indiquent un taux brut de scolarisation primaire de 66 % pour les filles et 71 % pour les garçons. Traduisant une légère par rapport à l’année précédente.
Selon le même rapport, en 2023, l’UNICEF révèle que moins de 60 % des élèves qui terminent le primaire accèdent réellement au secondaire. Parmi eux, seulement 20 % achèvent le cycle complet du secondaire : environ 23,7 % pour les garçons contre 17 % pour les filles.
Ces chiffres montrent une persistance de l’écart de genre, particulièrement en milieu rural, où les obstacles à la scolarisation des filles restent nombreux.
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Plusieurs facteurs expliquent cet écart persistant. Le mariage précoce reste l’un des freins majeurs : le Niger enregistre l’un des taux les plus élevés de mariages d’enfants dans le monde, ce qui pousse de nombreuses adolescentes à abandonner leurs études. La pauvreté accentue le problème, les familles rurales peuvent souvent scolariser les garçons en priorité lorsqu’elles disposent de moyens limités. À cela s’ajoutent des normes sociales qui assignent aux filles un rôle domestique, perçues comme plus utiles que l’école, et des infrastructures insuffisantes : écoles éloignées, manque de latrines séparées et insuffisance d’enseignantes. Autant de facteurs qui découragent la fréquentation scolaire des filles.
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Face à cette réalité, l’État nigérien, avec l’appui de ses partenaires, a élaboré plusieurs plans sectoriels de l’éducation pour promouvoir l’accès des filles à l’école. Des initiatives comme les cantines scolaires, les bourses d’étude ou encore la construction d’écoles de proximité cherchent à réduire les coûts de la scolarisation. Des ONG telles que Plan International, Save the Children ou le collectif Girls Not Brides mènent des campagnes contre le mariage d’enfants, soutiennent la réinsertion scolaire et sensibilisent les communautés. Les dirigeants religieux et traditionnels, de plus en plus impliqués, jouent un rôle crucial pour faire évoluer les mentalités, tandis que les radios communautaires et les médias locaux diffusent des messages encourageant la scolarisation des filles.
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L’inégalité d’accès à l’éducation ne se limite pas à une injustice individuelle, elle freine aussi le développement du pays. Des études montrent que les communautés où les filles sont éduquées bénéficient d’une meilleure productivité agricole, d’une réduction des mariages précoces et d’un indicateur de santé. À l’inverse, priver les filles d’école d’entretenir la pauvreté, augmenter la vulnérabilité face aux crises et réduire la participation citoyenne des femmes. À long terme, cette situation perpétue un cercle vicieux où les filles peu instruites deviennent des mères dont les enfants, à leur tour, risquent d’être exclus de l’école.
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Pour réduire l’écart entre filles et garçons dans l’accès à l’éducation en milieu rural, plusieurs pistes peuvent être mises en œuvre :
-Renforcer les infrastructures scolaires en construisant davantage d’écoles de proximité et en dotant les établissements de latrines séparées adaptées aux filles
– Alléger le poids économique des familles grâce à des bourses, des cantines scolaires ou des transferts conditionnels incitant à maintenir les filles à l’école
-Lutter contre le mariage précoce et forcé à travers une application stricte des lois, mais aussi par des campagnes de sensibilisation auprès des communautés
-Former et recruter davantage d’enseignantes pour favoriser un environnement scolaire rassurant et inclusif pour les filles.
-Mobiliser les leaders communautaires et religieux afin de transformer les normes sociales qui freinent la scolarisation des filles
L’écart de genre dans l’éducation au Niger reste un défi majeur, particulièrement dans les zones rurales où la pauvreté, les normes sociales et le mariage d’enfant limitent les perspectives des filles. Les initiatives publiques et associatives montrent des résultats encourageants, mais les progrès restent fragiles. Garantir aux filles un accès à l’école n’est pas seulement une question de justice équitable, mais une condition essentielle pour le développement économique, social et humain du pays.
Rédaction : Mariama Ousmane
Cette publication WanaData a été soutenue par Code for Africa et la Digital Democracy Initiative dans le cadre du projet Digitalise Youth , financé par le Partenariat Européen pour la Démocratie (EPD)


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