Madame Sêgnimaké Tatiana Carine MINABA, une boursière du programme Wanadata-DDI, partage son parcours, ses motivations, défis dans cet article. Un programme de Six mois mené par Code for Africa en partenariat avec le Partenariat européen pour la démocratie, AfricTivistes, CFI Media Development, le Bureau mondial du scoutisme (BMS) et la Fondation Kofi Annan, avec la contribution de l’Institut néerlandais pour la démocratie multipartite. L’objectif, allier la puissance des données à l’art du récit.
Elle nous raconte cette aventure passionnante!
Il y a des passions qui se dessinent très tôt, avant même qu’on ne sache leur nom. Pour moi, ce furent les chiffres. Quand j’étais enfant, je voyais les mathématiques comme un langage secret que seuls quelques initiés pouvaient parler. J’adorais résoudre des équations, des problèmes en maths ainsi que comprendre comment les choses fonctionnaient. Je cherchais surtout à savoir pourquoi les phénomènes de la nature semblaient obéir à une logique invisible. Au cours de mon parcours du premier cycle universitaire, j’ai découvert que cette logique, on pouvait la modéliser, la traduire en équations, en données, en histoires.
Mais au-delà des chiffres, j’avais aussi un autre amour : l’écriture et la lecture. J’écrivais sur des cahiers, des carnets, des pages Word jamais terminées. J’aimais les mots autant que les nombres. A un moment, j’ai cru qu’il fallait choisir: être scientifique ou être rédactrice. Plus loin, j’avais poussé ma curiosité en me formant en community management et rédaction web. Avec le temps, j’ai compris que les deux pouvaient se rencontrer : raconter des histoires à partir des données. C’est là que ma vie a pris un tournant.

Sêgnimaké Tatiana Carine MINABA/ Boursière Wanadata-DDI
Quand la data devient un outil d’impact social
Mon parcours universitaire à l’Université d’Abomey-Calavi m’a permis d’entrer dans un univers fascinant au cours du master: celui de la biostatistique et de la programmation. À travers mes études et mes stages, j’ai appris à utiliser les languages R, Python en manipulant les données comme on enchaîne les mots pour construire un récit. Je travaillais sur des sujets liés à la santé, à l’environnement, à la population ; autant de domaines où les chiffres racontent la vie, la vulnérabilité, la résilience des gens.
Ce que j’aimais le plus ? C’est de transformer une base de données en histoire humaine. Montrer qu’un pourcentage, derrière sa froideur apparente, parle de femmes, d’enfants, de communautés. Montrer combien de fois une variable peut affecter toute une tendance d’une courbe. Petit à petit, j’ai compris que la data science pouvait devenir une arme pour défendre des causes, des anomalies, des conséquences. Et c’est dans cette quête de sens que le destin m’a conduite vers un programme qui allait changer ma vision : Code for Africa.

Sêgnimaké Tatiana Carine MINABA
Un jour, sur LinkedIn… le déclic
C’était un après-midi ordinaire. J’étais sur LinkedIn, en train de parcourir mon fil d’actualités à la recherche d’opportunités dans le domaine de la data et de l’innovation. Tout à coup, je suis tombée sur une publication : « Appel à candidatures Wanadata Fellowship pour les femmes, Code for Africa ». Le mot storytelling a immédiatement attiré mon attention. J’ai cliqué, puis lu : formation en data storytelling, fact-checking, égalité de genre, engagement citoyen…Un programme où la science des données rencontre le journalisme, où les chiffres servent à raconter, à sensibiliser, à éveiller les consciences. Ce qui m’a le plus émerveillé est que je pourrai grâce à ce programme prédire et sensibiliser les uns et les autres.
J’ai pris une grande inspiration et j’ai postulé. Quelques semaines plus tard, j’ai reçu un mail : « Félicitations, vous avez été sélectionnée pour la Wanadata Fellowship. »
Ce jour-là, j’ai su que ma trajectoire venait de prendre une nouvelle dimension, j’étais hyper joyeuse.
Apprendre à raconter autrement
Le programme Code For Africa m’a permis de découvrir un monde où les données deviennent des outils de plaidoyer.
J’y ai découvert la puissance du data journalism, l’importance du fact-checking et la responsabilité de celles et ceux qui manipulent l’information à l’ère du numérique.
Grâce à cette expérience, j’ai appris à transformer des analyses techniques en récits accessibles. À parler de droits numériques, de la lutte contre l’inégalité de genre dans le monde scientifique, d’engagement citoyen, de la lutte contre la désinformation et la violence à travers la donnée. Chaque session de formation était une nouvelle façon d’unir mes deux passions : la rigueur scientifique et la force du récit.
Mais plus encore, Code for Africa m’a montré que la data pouvait prédire des vies, qu’elle pouvait contribuer à construire des sociétés plus justes et plus éclairées. Ce n’était plus seulement une question d’analyse mais de mission.
De la science à la voix des autres
Ce programme a générée en moi une idée profonde : l’Afrique a besoin de journalistes de données. Des jeunes capables d’utiliser les chiffres pour raconter les réalités sociales, de dénoncer les injustices, de faire entendre les voix que l’on n’écoute pas toujours.
Grâce à Code for Africa, j’ai pu rejoindre une communauté des brillantes, passionnées, engagées qui croient au pouvoir du numérique pour transformer le continent Africain. Cette aventure m’a aussi permise de collaborer sur des projets concrets : produire du contenu fondé sur la donnée, créer des récits visuels, sensibiliser à la protection des données personnelles et à la cybersécurité. J’ai compris qu’être data scientist, ce n’est pas seulement programmer mais aussi comprendre le monde, le traduire, le raconter et conseiller les autres.
Porter la voix des femmes dans la data
Au fil de mon parcours, j’ai compris qu’au-delà de l’analyse, il y avait un autre combat à mener : celui de la représentation. Dans beaucoup d’espaces scientifiques et technologiques, les femmes sont encore minoritaires, souvent perçues comme des exceptions. C’est ce constat qui m’a poussée à prendre la parole, à participer à des conférences, des séminaires et des forums scientifiques où j’ai partagé mon expérience et ma vision d’une data science inclusive et équitable. Chaque fois que je me rends à un panel comme panéliste, que je parle devant des étudiants, je pense à toutes ces jeunes filles qui doutent de leur place dans les sciences.
Mon message est simple : la donnée n’a pas de genre, le talent non plus. Et c’est pourquoi porter ma voix par le biais du programme “Code for Africa” est pour moi un immense plaisir et une grande fierté.
Ce programme me permet non seulement de perfectionner mes compétences en data storytelling, mais surtout de faire entendre la voix des femmes africaines dans les espaces où se décide le futur numérique du continent.
Parce qu’en formant, en inspirant et en racontant autrement, nous construisons ensemble une Afrique numérique plus équilibrée, plus innovante et plus juste.

Sêgnimaké Tatiana Carine MINABA
Pourquoi Code for Africa compte
Aujourd’hui, je crois profondément en la nécessité de programmes comme Code for Africa.
Parce qu’ils donnent aux jeunes Africains des outils, une voix et une mission.
Ils forment une nouvelle génération de journalistes de données, d’analystes et de créateurs capables de relier science, technologie et humanité.
Dans un continent où les chiffres peuvent être mal compris, mal interprétés, ou manipulés, Code for Africa apprend à faire parler les données avec intégrité et impact. C’est un programme qui donne confiance, qui donne envie de rêver plus grand, de créer, d’informer, d’agir.
Regarder l’avenir avec des données et des mots
En regardant mon parcours, de mes études en biostatistique à mes projets de data storytelling, je vois une ligne invisible, mais cohérente : “la volonté d’apprendre pour mieux servir”.
Je veux continuer à raconter, à analyser, à former.
Parce que je crois que les données ont une âme et que l’écriture est le moyen de la révéler.Et si un jour une jeune fille, quelque part au Bénin ou ailleurs tombe à son tour sur une publication LinkedIn parlant de Code for Africa et décide de postuler, alors mon histoire aura eu un sens. Parce qu’au fond, ce n’est pas seulement une question de carrière.
C’est une question de passion, d’engagement et de confiance en soi.
Rédaction : Sêgnimaké Tatiana Carine MINABA
Cette publication WanaData a été soutenue par Code for Africa et la Digital Democracy Initiative dans le cadre du projet Digitalise Youth , financé par le Partenariat Européen pour la Démocratie (EPD).


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