Ce dimanche, le soleil est au zénith. Sur la route principale de la ville de Dioro située à 60 kilomètres de Ségou, des périmètres maraichers s’étendent à perte de vue. Des jardins abandonnés présentent un sol desséché. Nous apercevons Madame Oumou Coulibaly, une jeune femme âgée de 37 ans dans le jardin verdoyant « Kado Nogo » de 2 hectares du groupement des femmes de Dioro, qui contraste avec le décor précédent. Elle dit : « Nous avons redonné vie à notre champ grâce à l’engrais bio. »
Madame Coulibaly est la présidente du groupement qui compte une trentaine de femmes, toutes vivent de cette activité. Elles y pratiquent la culture de l’échalotte une fois par an après la récolte. Pour conserver la fertilité de leur exploitation et augmenter leur productivité, les femmes appliquent de l’engrais liquide à base d’excréments de vaches. Elle dit : « Avec l’engrais naturel, notre rendement a doublé.»
En effet le groupement a suivi une formation sur la fertilisation des sols et la préservation de la biodiversité avec une ferme écologique de la place Bassa Mali pour faire face à la dégradation des sols de leur exploitation agricole. « Bassa Mali » est une ferme privée agroécologique qui organise des formations sur les pratiques agroécologique paysanne. Aujourd’hui, le groupement produit jusqu’à 15 tonnes d’engrais bio appelé « Dakabana Dji »

Madame Coulibaly déclare que cet engrais sous forme de liquide est efficace et sans danger pour le sol et les cultures. Tous les membres participent à son élaboration, elles viennent généralement dans l’après-midi après les travaux domestiques et la présidente repartie les tâches en fonction de l’arrivée des membres.
Avec cet engrais, le groupement a augmenté sa production d’échalotte de 8 à 15 tonnes par hectare. Une partie de cette manne financière est partagée entre les membres qui peuvent avoir jusqu’à 30.000F CFA par saison. L’autre partie des revenus est versée dans la caisse pour acheter de nouveaux matériels et gérer les cas sociaux comme les baptêmes et les mariages des membres.
Selon la présidente du groupement, l’engrais est fabriqué par la fermentation de la bouse de vaches, de l’eau, des résidus de charbon, de l’argile de termitières et de feuilles de neem. Madame Coulibaly explique que le processus de fabrication de cet l’engrais bio dure 21 jours.
Elle explique que pour utiliser « Dakabana Dji » il suffit d’épandre au moins 6 tonnes d’engrais par hectare au début et en milieu de saison. Cela favorise une régénération des sols rétablissant leur équilibre naturel. « Dakabana Dji » améliore la fertilité du sol en apportant de l’azote, du phosphore et du potassium. Il renforce également la santé des micro-organismes du sol et créée un écosystème fertile propice à une croissance végétale.
Aujourd’hui, la réussite du groupement inspire de nombreuses personnes de du cercle de Dioro. Certains producteurs commencent à adopter « Dakabana Dji ». Cela permet au groupement d’avoir une autre source de revenu issue de la vente de l’engrais. Madame Coulibaly estime que le groupement peut avoir jusqu’à 2 millions par saison. Pour le moment le groupement ne vend pas leur produit mais entrain de mûrir des réflexions dans ce sens. Cependant beaucoup de personnes d’autres villages viennent très souvent pour apprendre à le faire.
Ousmane Toure est un agriculteur à « Sokè », un village voisin de Dioro. Monsieur Touré est également satisfait de l’utilisation de l’engrais bio « Dakabana Dji ». Il explique qu’avec cet engrais, il obtient de meilleurs résultats que l’urée qu’il utilisait autrefois. Maintenant son champ a retrouvé sa fertilité d’avant. Il estime que son rendement est passé de moins d’une tonne à 2 par hectare.
Bougouna Coulibaly est le chef secteur de l’agriculture à Ségou. Il souligne que certaines pratiques néfastes de l’homme telles que la déforestation, l’agriculture extensive, et l’usage abusif d’engrais chimique aggravent la dégradation des sols.
Il conseille aux producteurs l’utilisation de l’engrais bio qui renforce l’humidité au sol et restaures les cycles naturels comme l’Azote, le carbone, l’eau, favorisant ainsi une résilience écologique. Toutefois, il attire l’attention des producteurs sur l’usage abusif de l’engrais bio qui peut causer la formation excessive des nutriments dans le sol. Il recommande également l’alternance de cultures, le reboisement pour protéger et améliorer la fertilité des sols.
Madame Coulibaly et les membres de son association sont satisfaites des résultats avec l’utilisation de l’engrais bio. Elle conclut : « Nous prenons conscience de la préservation de tous les éléments de la nature pour un avenir meilleur. »
Rédaction: Dioro Cissé


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