Fatoumata Diallo est une jeune poétesse malienne vivant en France. Elle est diplômée en Information et Communication, en Science de la production et des organisations, et en gouvernance et encadrement du social. Passionnée par les mots, elle débute sa carrière poétique par le recueil de poème « Dans la peau du Mali », éditée par la maison d’édition « Gafé ». Pour la jeune écrivaine, chaque mot ou image, peut-être traduit en textes poétiques.
Mousso Kunda l’a rencontré pour vous.

Mousso Kunda : Pouvez-vous nous parler de votre parcours littéraire et de ce qui vous a amenée à écrire « Dans la peau du Mali » ?
Fatoumata Diallo : Je suis une passionnée de l’écriture. J’ai fait un baccalauréat langue et littérature et des études universitaires en information et communication, …ce recueil de poème est mon premier ouvrage littéraire.
La situation actuelle du Mali m’a beaucoup motivée à écrire ce livre. Mon parcours littéraire est le fruit d’un engagement personnel et professionnel pour comprendre et raconter l’histoire du Mali sous un angle poétique. Passionnée par l’écriture et l’histoire de mon pays, j’ai toujours ressenti le besoin de mettre des mots sur les réalités politiques, sociales et culturelles qui façonnent notre identité.
« Dans la peau du Mali » est né d’une volonté de donner une voix aux événements marquants qui ont bouleversé le pays. J’ai voulu plonger mes lecteurs au cœur des dynamiques complexes du Mali, en mêlant témoignages, réflexions et analyses. L’écriture de ce livre est aussi une réponse à la nécessité de raconter le Mali autrement, au-delà des images médiatiques, en mettant en lumière la résilience et l’âme d’un peuple.
Mousso Kunda : Quel a été le déclic qui vous a poussée à choisir la poésie comme moyen d’expression pour traiter ces sujets sensibles ?
Fatoumata Diallo : la poésie est un genre littéraire qui me fascine depuis le bas âge. Celle-ci est un moyen puissant d’exprimer sur des sujets délicats avec des mots qu’il faut. Le choix de la poésie comme moyen d’expression s’est imposé naturellement. Face à la complexité et à la douleur des événements que je voulais raconter, la poésie m’est apparue comme le langage le plus puissant pour traduire les émotions, les silences et les non-dits.
Elle permet d’aller à l’essentiel, de toucher directement le cœur et l’âme du lecteur. Elle offre une liberté d’expression qui transcende les contraintes du récit linéaire et du langage rationnel. Dans un contexte où les mots peuvent être lourds de sens et parfois difficiles à entendre, la poésie apporte une forme de douceur et de musicalité qui facilite la transmission du message. Le déclic a sans doute été la nécessité de transformer la douleur en beauté, et d’inviter le lecteur à ressentir plutôt qu’à simplement comprendre.
Mousso Kunda : Le titre « Dans la peau du Mali » est très évocateur. Pourquoi ce choix et que signifie-t-il pour vous ?
Fatoumata Diallo : dans la peau du Mali est un appel pour le peuple Malien et le peuple d’ailleurs à la réflexion sur la situation du Mali, les enjeux des conflits et surtout à ne pas perdre l’espoir pour un Mali meilleur.
Le titre « Dans la peau du Mali » s’est imposé à moi comme une évidence. Il exprime cette volonté d’incarner pleinement l’histoire, les souffrances, les espoirs et les combats du Mali. Pour moi, ce titre est un cri du cœur, une déclaration d’appartenance et un hommage à ce pays qui porte en lui tant de richesses humaines, culturelles et historiques, mais aussi tant de défis à relever.
Mousso Kunda : Votre recueil évoque la guerre, la paix et la cohésion sociale. Comment ces sujets se traduisent-ils dans votre écriture poétique ?
Fatoumata Diallo : Dans ce recueil de poèmes j’aborde plusieurs thématiques, effectivement des pages sont dédiées à la guerre, la paix et la cohésion sociale. « Dans la peau du Mali », la guerre, la paix et la cohésion sociale s’entrelacent à travers une écriture poétique qui cherche à exprimer à la fois la douleur des conflits et l’espérance d’un renouveau. J’ai voulu que chaque poème soit un écho aux blessures du pays, mais aussi une lueur qui éclaire les chemins possibles vers la réconciliation. La guerre s’exprime dans mes vers par des images fortes, parfois brutales, qui traduisent le chaos, la peur et la perte.
La paix, elle, se dessine dans la douceur des mots, dans des rythmes plus apaisés, dans des métaphores qui évoquent la reconstruction, le pardon et l’unité retrouvée. Je cherche à faire entendre les voix de ceux qui rêvent d’un Mali réconcilié, qui refusent de se résigner à la fatalité de la guerre. Quant à la cohésion sociale, elle est au cœur de mon écriture, portée par un appel à la solidarité, à la fraternité et à la mémoire collective.
Mousso Kunda : À travers vos poèmes, vous donnez une voix au Mali. Quels messages souhaitez-vous transmettre au peuple malien qui souffrent aujourd’hui et au monde entier ?
Fatoumata Diallo : j’invite le lecteur à se mettre « Dans la peau du Mali » afin de mieux comprendre la situation de ce pays, de mettre en valeur nos atouts telle que la diversité culturelle afin de retrouver une meilleure harmonie dans notre société. À travers mes poèmes, je veux porter la voix d’un Mali blessé, d’un Mali résilient, d’un Mali debout.
Mon écriture est un cri contre l’injustice, la souffrance et la division mais aussi un chant d’espoir, de paix et de fraternité. Au peuple malien, je veux dire : N’oubliez jamais qui vous êtes. Vous êtes un peuple d’histoire, de grandeur et de sagesse. Vous avez traversé des épreuves immenses, mais votre force est dans votre unité, dans cette richesse culturelle qui fait du Mali une terre unique. Ne laissez pas la peur ou la haine vous séparer. Il est temps de reconstruire ensemble, de tendre la main plutôt que de brandir le poing.
Au monde entier, je veux rappeler que le Mali n’est pas qu’un pays en guerre ou une terre de souffrance. Le Mali, c’est la beauté de ses traditions, la puissance de sa musique, la richesse de ses contes et de ses valeurs. C’est un peuple fier, résilient, qui mérite d’être vu et entendu autrement que par le prisme du chaos.
Mousso Kunda : Comment votre propre vécu et votre environnement ont-ils influencé ce recueil ?
Fatoumata Diallo : c’est plus l’amour pour la patrie et la situation actuelle qui m’ont plus influencé. Mon vécu et mon environnement sont intimement liés à chaque vers de ce recueil. Écrire « Dans la peau du Mali », c’était écrire avec mes souvenirs, mes émotions et mon regard de témoin sur ce que traverse mon pays. Ayant grandi dans un Mali aux multiples visages, j’ai connu la richesse de ses traditions, la chaleur de sa population, mais aussi les blessures laissées par l’instabilité et les conflits. J’ai vu des familles déchirées, des espoirs brisés, mais aussi une résilience inébranlable. Cette dualité entre souffrance et espoir nourrit profondément mon écriture. Ce recueil est un cri du cœur, une manière de dire : je ressens votre douleur, je partage votre espoir, et tant que nous avons des mots, nous avons un avenir.
Mousso Kunda : Le Mali est un pays riche culturellement parlant. Alors comment elle se manifeste dans votre œuvre ?
Fatoumata Diallo: l’une de nos richesses reste notre culture. Cette diversité culturelle est un atout pour notre Maliba. Dans ce livre des textes sont dédiés à cette immense richesse.
Mousso Kunda : Comment s’est déroulé le processus d’écriture de ce recueil ? Aviez-vous une ligne directrice dès le départ ou le livre s’est-il construit au fil du temps ?
Fatoumata Diallo : Ce livre s’est construit au fil du temps, la situation actuelle m’a servi d’inspiration.
Mousso Kunda : Quels sont les poètes ou écrivains qui vous inspirent le plus ?
Fatoumata Diallo : Etant une passionnée de la littérature, tout écrivain pourrait être une source d’inspiration pour moi.
Mousso Kunda : La poésie est souvent perçue comme un art engagé. Considérez-vous votre œuvre comme une militantisme littéraire dans un Mali instable ?
Fatoumata Diallo : L’objectif est de faire comprendre et entendre les maux du Mali avec des mots qui pourraient parler à tous. Montrer au monde entier les atouts qu’égorge notre terre, donner l’espoir au peuple malien et d’ailleurs.
Mousso Kunda : Quel accueil a reçu « Dans la Peau du Mali » qui a participé à la Rentrée littéraire du Mali auprès des lecteurs et du public ?

Fatoumata Diallo : Le lancement du livre s’est bien passé dans le cadre de la rentrée littéraire. Le public malien l’a bien accueilli.
Mousso Kunda : Selon vous, quel rôle la poésie peut-elle jouer dans la construction de la paix et du vivre-ensemble au Mali ?
Fatoumata Diallo : La poésie est un vecteur important pour la construction de la paix et du vivre ensemble, c’est un moyen de sensibilisation et d’éducation et surtout un outil capital pour la valorisation de la diversité culturelle.
Mousso Kunda : Avez-vous eu des retours de lecteurs qui vous ont particulièrement marquée ?
Fatoumata Diallo : Beaucoup d’encouragements des lectures. Je continue à recevoir des retours qui me motivent davantage.
Mousso Kunda : Avez-vous d’autres projets littéraires en préparation ?
Fatoumata Diallo : Plusieurs autres projets littéraires sont en cours.
Mousso Kunda : Quel regard portez-vous sur la littérature malienne actuelle ? Pensez-vous qu’elle soit suffisamment mise en valeur ?
Fatoumata Diallo : La littérature malienne est très riche et diversifiée, les experts dans ce domaine ont beaucoup fait et continuent de faire des exploits afin de relever le défi pour les générations futures.
Mousso Kunda : Un dernier mot pour les jeunes écrivains et poètes qui souhaitent se lancer dans l’écriture ?
Mousso Kunda : À tous les jeunes écrivains et poètes qui souhaitent se lancer dans l’écriture, lancez-vous, osez affronter votre peur, prenez du plaisir avec vos plumes, le monde a besoin de nouvelles voix.
Rédigé : Amidou YANOGUE / Fatoumata Z. COULIBALY
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