Diplômée en Analyse quantitative et Politique Économique à la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion de Bamako. Kada Tandina est une jeune femme qui a su transformer les chiffres de mathématique en des lettres d’or. Enseignante de Mathématique et de Physique-chimie, aujourd’hui, Kada est l’une des rares jeunes femmes dévouées dans le secteur médiatique et littéraire. Cela, grâce à ses nombreuses publications sur le site d’information Mali 24 et différentes distinctions médiatiques reçues. Pour sa deuxième œuvre, nous sommes allés à sa rencontre.
MOUSSO KUNDA : Pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours en tant qu’écrivaine ?
Kada Tandina: Je suis Madame Kada Tandina, enseignante de Mathématiques et de Physique-chimie au second cycle. J’enseigne aussi l’économie au lycée. Passionnée de littérature depuis à bas âge, j’ai rejoint le quotidien numérique Mali24 en 2022.
Lauréate de plusieurs distinctions médiatique dont la récente concours de production « La nuit de l’U.J.R.M » en 2024. Le Trophée dédié au regretté Tidiane Tangara lors de la deuxième édition du Salon des Médias en 2023, catégorie presse en ligne.
MOUSSO KUNDA : Qu’est-ce qui vous a amenée à l’écriture ? Avant ce livre, aviez-vous déjà écrit ou publié d’autres œuvres ?
Kada Tandina : l’amour pour l’écriture. En Novembre 2023, j’ai publié mon premier livre intitulé » Larmes Invisibles » et cette année, 2025, mon deuxième ouvrage vient de paraitre « Être mère d’enfants drépanocytaires » Une œuvre éditée par la maison d’Edition Gafé et préfacée par Dr Coulibaly Mariam Maïga, la Ministre de la Promotion de la Femme de l’Enfant et de la Famille. L’œuvre est dédiée à tous les enfants drépanocytaires précisément à mes deux filles, toutes drépanocytaires de formes différentes.

MOUSSO KUNDA : Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire « Être mère d’enfants drépanocytaires » ? Est-ce inspiré de votre propre expérience ? Si tel est le cas, à quel moment avez-vous ressenti le besoin de mettre cette réalité par écrit ?
Kada Tandina : le titre « Être Mère d’enfants drépanocytaires » est choisi pour honorer toutes les mères du monde entier.
Ce n’est pas facile d’être mère à plus forte raison, une mère d’enfants malades. Il est important de mettre en lumière toutes les responsabilités des mères, car quand on est mère, on le demeure, pas de congés ni de vacances. La drépanocytose est une maladie génétique, incurable. Alors la mère ne peut pas à elle seule porter le chapeau, vivre dans la culpabilité tandis que l’homme est aussi responsable de cette situation.
MOUSSO KUNDA : Comment avez-vous vécu l’écriture de ce livre, sur un sujet aussi intime et sensible que la drépanocytose ?
Kada Tandina : Je suis la première intéressée. Il est impossible d’écrire un livre sur la drépanocytose sans être médecin ou sans avoir un proche drépanocytaire.
Je suis mère de deux filles, elles sont toutes deux drépanocytaires. La plus petite fait plus de crises, elle n’a que 5 ans, transfusée 3 fois. Sa prise en charge se fait au centre de recherche et de lutte contre la drépanocytose.
Ce livre n’est pas forcément une autobiographie. Si vous lisez le livre, vous trouverez que l’actrice principale est de Koutiala. J’ai fait cela pour montrer que les drépanocytaires ne sont pas seulement à Bamako, mais un peu partout sur le territoire national.
Je prends ma vie en exemple ainsi que celle de nombreuses femmes que j’ai l’habitude de rencontrer à l’hôpital. Je suis écœurée à l’idée de voir ces femmes dont leurs enfants sont malades, sans aucun soutien moral ni financier. Je parle du quotidien des mères en mettant l’accent sur leur vie professionnelle et privée.
MOUSSO KUNDA : Quelles sont vos attentes après la publication du livre ?
Kada Tandina : ce livre qui compte trois parties et six chapitres traduit la souffrance de toutes ces mères, il y a aussi des pistes de solutions pour soulager les peines des parents et proches des malades. Je voudrai interpeller les autorités et les décideurs publics sur l’importance de faire des tests prénuptiaux avant de sceller un mariage, de sensibiliser la société sur ce fléau qui détruit intérieurement une mère qui voit déjà l’espérance de vie courte de ses enfants afin d’arrêter tout préjugé sans fondements. Encourager l’autonomisation des femmes pour que les charges des malades ne pèsent pas seulement sur le géniteur, qu’elles puissent aussi subvenir aux besoins de leurs enfants malades. Réfléchir sur une unité communautaire pour soutenir les familles touchées par cette maladie.
MOUSSO KUNDA : Pensez-vous que la société malienne est suffisamment sensibilisée à la drépanocytose et aux défis qu’elle représente pour les familles ?
Kada Tandina : Dans la société, elles sont victimes de préjugés quand elles n’auront pas le temps de participer aux événements sociaux, certains les traiteront d’arnaqueuses pour inventer chaque fois une maladie pour soutirer de l’argent aux maris, d’autres diront qu’elles sont des femmes de mauvais augure qui ne font que donner naissance à des malades. Il y a en qui leur trouveront des antécédents de sorcellerie puisque les enfants sont chaque fois en manque de sang.
MOUSSO KUNDA : Avez-vous rencontré des témoignages ou des réactions de la part des lecteurs après la publication ?
Kada Tandina : Oui beaucoup, au CRLD, les malades se plaignent en longueur de journée, lorsqu’on est dans la file d’attente.
MOUSSO KUNDA : Comment décririez-vous le soutien (ou le manque de soutien) des structures médicales et de l’entourage ?
Kada Tandina : un quotidien difficile. Beaucoup de nos malades sont pénalisés et certain entourage ne fait qu’indexer la famille ou l’enfant.
MOUSSO KUNDA : En dehors de l’écriture, menez-vous d’autres actions pour la sensibilisation ou le soutien aux familles touchées par cette maladie ?
Kada Tandina : J’ai des projets de création d’associations pour ces enfants qui souffrent de cette maladie incurable.
MOUSSO KUNDA : Quel rôle la littérature peut-elle jouer dans la sensibilisation sur les maladies chroniques comme la drépanocytose ?
Kada Tandina : la parole s’envole, l’écriture reste. Grâce à mes confrères et consœurs qui ont décidé de m’aider à vulgariser le livre, je suis sûre et certaine que le message passera très bien. Surtout que le livre demeure.
MOUSSO KUNDA : Avez-vous un autre projet d’écriture en préparation ?
Kada Tandina : J’en ai, je continuerai d’écriture en tant que je suis inspirée.
MOUSSO KUNDA : Quel conseil donneriez-vous aux mères et familles qui traversent cette épreuve ?
Kada Tandina : de garder espoir, qu’il y aura une solution pour alléger nos souffrances. Lutter contre la drépanocytose est un combat qui peut porter ses fruits.
MOUSSO KUNDA : Un dernier mot pour ceux qui hésitent encore à lire votre livre ?
Kada Tandina : Inspiré de faits réels, le livre peut changer des vies.
Entretien réalisé par la rédaction de Mousso Kunda
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