Au cœur de Ségou, dans l’enceinte animée de l’école pour déficients auditifs, Madame Maïga Assétou Haïdara mène une lutte contre les grossesses non désirées, souvent ignorées chez les jeunes sourds muets.
Il est 15 heures dans l’enceinte de la cour de l’école des déficients auditifs de Ségou, sise à Bagadadji non moins de la route l’an deux mille. L’ambiance au rendez-vous, partout des cris de joie. Les habitués se regroupent très vite avec un sourire qui en dit long sur le sujet du jour, tandis que les timides approchent à petit pas, le visage à peine découvert.
Très vite, un cercle se forme autour de Madame Maïga Assétou Haïdara, coordinatrice de l’Association Malienne pour la Protection et la Promotion de la Famille, AMPPF-Ségou. En effet, madame Haïdara après avoir été informée des cas de grossesses non désirées au niveau de l’école pour déficients auditifs a décidé de prendre le problème en mains en tenant des séances de sensibilisation de concert avec la direction des jeunes sourds muets.
Ces grossesses non désirées entrainent des cas d’abandon de l’école et très généralement, les auteurs de ces grossesses sont des sourds muets. Ils sont stigmatisés et indexés par la communauté à cause de leur handicap et sont peu considérés quand il s’agit des questions de planning familial. « Ils ne sont pas bien accueillis dans les centres de santé et deviennent la ruée de tout le monde quand ils découvrent que c’est un sourd muet. Un jour un agent de santé m’a demandé si eux aussi ont une vie sexuelle active. J’étais choqué », nous confie le responsable de la structure.
Les sourds muets sont comme les gens normaux. Ils ont aussi des besoins et ont droit au bonheur. A l’âge de la puberté, ils ont le même ressentis de curiosité de savoir comment marche la vie sexuelle et leur corps subissent la même transformation de l’adolescence à l’âge adulte. Sous informés et désorientés, ils s’adonnent à tout genre de pratiques dangereuses résultant à des conséquences graves sur leur santé. Exposés à des infections sexuellement transmissibles et à des grossesses non désirées, entraînant généralement l’abandon de l’école et les maintiennent dans une situation de vie très difficile.
C’est justement pour leur permettre de jouir de leur santé sexuelle et reproductive que madame Haidara tient régulièrement ces espaces de sensibilisation. Lors des causeries, elle expose les différentes méthodes de planning familial (méthodes de courte durée, de longue durée et la méthode permanente). Mais avant chaque causeries, des explications sont données sur les signes de l’adolescence et les amènent à comprendre que dès l’apparition de ces changements, qu’elles peuvent tomber enceinte notamment l’appropriation du cycle menstruelle. Après cet exercice de routine, l’animatrice traite le sujet du jour : « Ils suivent avec attention les causeries et posent beaucoup de questions sur les méthodes parce qu’ici, ils sont écoutés et bien traités contrairement dans les centres de santé au dehors. Ils avaient vraiment besoin de cette causerie éducative », affirme Madame Haïdara Assétou .
Madame Haïdara est toujours accompagnée d’une institutrice de l’école qui l’aide à mieux expliquer l’importance de l’utilisation des méthodes de planning familial en langage des signes. Cette assistance est impérative pour une meilleure compréhension.
Outre les sessions de sensibilisation, l’équipe de l’Association Malienne pour la Protection et la Promotion de la Famille, AMPPF, procède souvent à des offres de services gratuit à leur endroit en stratégie avancée. Selon Madame Thiam Mariame Thiam, responsable clinique : « Tout se passe dans un cadre discret et sans jugement. Nous recevons beaucoup de clientes. Je ressens qu’ils avaient besoin de cela. Nous faisons le dépistage du cancer de col et aussi nous enregistrons des offres en méthode de longues durées. »
Commencé depuis deux ans, actuellement les résultats sont bien visibles. Le nombre de grossesses précoces a largement diminué : « Avant, chaque année on assistait à des cas d’abandons d’écoles à cause des grossesses non désirées dans les classes de huitième et neuvième. Mais, cette année avec les sensibilisations et les offres de produits, l’effectif a tenue toute l’année », déclare fièrement le responsable de l’école.
Toutes les couches de la société ont droit d’être informées et avoir accès aux services de santé de la reproduction. Nous devons veiller principalement aux personnes vulnérables pour leur permettre de jouir de leur santé sexuelle et reproductive sans inquiétude. Dupliquons donc, cette stratégie de l’école des déficients auditifs de Ségou partout au Mali au bonheur de cette couche spécifique.
Rédigé par : Dioro CISSE
Cet article de Dioro Cissé a été primé meilleur article du « Prix Boukary Konaté » organisé par Doniblog, 7ème Edition, 2024.
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