En bref
Oumou Coulibaly, une jeune fille mariée à l’âge de 18 ans, est mère de deux enfants nés à peu d’intervalle. Le couple se dispute fréquemment sur le consentement sexuel et l’adoption de la contraception. Elle raconte : « Mon mari ne me demande jamais mon accord quand il souhaite avoir des relations sexuelles avec moi. Malgré mon opposition il m’oblige à le faire. » Vu la situation, Madame Oumou Coulibaly s’est enfuie du foyer conjugal pour rejoindre ses parents. Après des médiations, elle est retournée dans son foyer. En dépit du désaccord avec son mari, madame Oumou Coulibaly a l’espoir que sa situation matrimoniale peut s’améliorer. Elle encourage les autres femmes de ne pas se taire sur le consentement sexuel ou les méthodes de contraception, et à saisir chaque occasion pour transformer leur vie et leurs relations.
Le couple Coulibaly est marié il y a à peine deux ans. Mais comme beaucoup de jeunes couples au Mali, le couple Coulibaly rencontre des problèmes liés à la sexualité et à la contraception. Elle raconte : « Mon mari ne demande jamais mon accord quand il souhaite avoir des relations sexuelles avec moi. Malgré mon refuse, il le fait sans mon consentement. » Madame Coulibaly s’est donc enfuie de son foyer et est retournée chez ses parents en attendant un éventuel règlement du conflit qui l’oppose à son conjoint.
Au Mali les questions de consentement liées aux relations sexuels et à la planification familiale sont des sujets tabous et sensibles. Ce qui favorise la circulation des idées fausses au sein de la société, mettant ainsi en péril le droit de la femme. Madame Coulibaly explique : « Chez nous, l’éducation traditionnelle et religieuse nous apprend qu’une femme mariée ne doit pas s’opposer aux désirs sexuels de son mari. Qu’elle doit tout accepter de l’homme et que c’est le seul moyen pour avoir des enfants bénis. » » Elle soutient que ces pratiques sont ancrées dans la manière de penser de la société notamment chez les hommes qui trouvent une occasion pour violer le droit des femmes.
Outre les actes sexuels, le consentement sexuel englobe d’autres formes comme la photographie des parties intimes chez les jeunes couples et la planification familiale. Madame Oumou Coulibaly affirme que malgré son refus, son mari lui demande de faire des photos de ses parties intimes. Elle dit : « Il me force à faire des photos ou vidéos sexuelles de mes parties intimes, il trouve du plaisir dans cela dit-il. »
En ce qui concerne les méthodes de planification familiale, le problème de consentement de l’homme est un obstacle. Madame Coulibaly en a fait les frais quand elle décide d’utiliser la contraception pour éviter les grossesses non désirées. Elle explique : « J’ai utilisé le contraceptif jadelle car mon bébé n’avait pas une année d’abord. Cela n’a pas été apprécié mon mari. »
La belle mère et le mari de Oumou Coulibaly estiment que la contraception est une cause d’infidélité chez la femme qui peut avoir des relations sexuelles avec ses amants sans crainte de tomber enceinte. Au regard de la situation d’incompréhension, madame Coulibaly a préféré rejoindre le domicile familial.
Idrissa Goro est un juriste à Ségou. A ses dires, la question de consentement sexuel est délicate surtout dans une société assez traditionnelle comme le Mali. Il explique que le consentement est un accord entre deux personnes, ayant au moins l’âge de la majorité sexuelle, qui est de 18 ans au Mali et qui désirent toutes les deux accomplir des actes à caractères sexuels.
Monsieur Goro explique qu’ils sont nombreux ceux qui pensent que dans le mariage le consentement n’est pas nécessaire avant toute relation sexuelle. Cette situation est favorisée par le fait que le sexe reste un sujet tabou au sein de la communauté. Il rappelle : « Dans un passé plus ou moins lointain, la femme devait être soumise à son conjoint. Elle devait se plier aux désirs sexuels de son mari. »
Monsieur Idrissa Goro estime qu’il y a des changements positifs grâce aux nombreuses luttes menées au plan national, régional et international en faveur des droits de la femme. Ces luttes ont permis une prise en compte du consentement de la femme, mais le respect du principe du consentement sexuel, précise-t-il, n’est pas encore totalement acquis. Monsieur Goro ajoute : « Ce droit est aujourd’hui protégé par la quasi-totalité des accords internationaux et régionaux de protection des droits de l’Homme. » Soutient qu’il est donc nécessaire d’obtenir un consentement avant tout rapport sexuel.
En outre, Monsieur Idrissa Goro explique que la loi protège le consentement sexuel au Mali. Les relations sexuelles non consenties sont considérées comme un viol par le code pénal. La sanction est la même que celle applicable en matière de viol. L’absence de consentement sexuel lors d’un acte sexuel est puni de 5 à 20 ans d’emprisonnement et d’une amende de 250.000 à 800.000 Franc CFA.
Hadizatou Coulibaly est chargée de communication à l’ONG ASDAP. Cette ONG exécute un projet de santé de la reproduction. Madame Coulibaly organise des campagnes de sensibilisation pour lutter contre les rumeurs et les fausses idées reçues sur la contraception.
Selon elle, ces mythes et idées fausses sont des arguments non fondés visant à empêcher la femme à faire la planification familiale. Madame Hadizatou Coulibaly explique : « Nous entendons souvent que la contraception fait juste la promotion de la débauche. Nous expliquons lors de nos sensibilisations que cela est faux. La contraception met plutôt à la disposition des couples, des méthodes pour se protéger contre les grossesses non désirées. » Madame Hadizatou affirme que sa structure fait également des séances de démonstrations du port de préservatif, car selon les fausses idées reçues, le préservatif est la cause des maladies.
Selon Madame Oumou Coulibaly, le consentement sexuel et la contraception demeurent une source de conflit dans beaucoup de couples au Mali.
Madame Coulibaly déclare : « Après les discussions avec les médiateurs traditionnels, mon mari a changé d’attitude et est ouvert aux discussions sur la planification familiale, et promet qu’il accordera de l’importance à mon point de vue afin d’être un couple consent. »
Madame Oumou Coulibaly encourage les autres femmes de ne pas se taire sur le consentement sexuel ou les méthodes de contraception, et à saisir chaque occasion pour transformer leur vie et leurs relations.
Rédigé par : Dioro Cissé
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