Santé sexuelle et reproductive : briser les tabous pour que les femmes s’épanouissent

Les questions liées à la santé sexuelle et reproduction ne sont plus taboues. Cependant, nous observons quelques changements au sein de la société d’après les constats remarqués.

« J’ai été excisée et suis consciente des conséquences néfastes. L’excision pourrait entraîner de graves complications lors de l’accouchement. » Ainsi parle Aminata Coulibaly, aujourd’hui une femme au foyer qui a subi l’excision à l’âge de 8 ans.

Elle discute avec ses filles pour entretenir les souvenirs un rien douloureux de cette pratique, qu’elle garde comme une relique, profitant souvent des rares moments de retrouvaille pour les sensibiliser à ces conséquences. « J’en ai été victime et je ne souhaite pas que leurs filles subissent le même sort que moi », ajoute-t-elle en plein échange avec sa première fille. Elle insiste : toutes questions liées à la femme, surtout au corps doivent être au cœur des causeries entre mère et enfant.

La santé sexuelle reproductive est source de pressions sociales sur les femmes, alors qu’elles ont le droit d’avoir accès à des informations sur ces questions.

Sujet, jadis difficile à aborder dans les familles ou communautés, la santé sexuelle et reproductive a cessé d’être taboue selon l’étudiante Fatim Diarra : « Ma famille me conseillait sur ces pratiques, confie-t-elle. J’exhorte alors tous les parents à aborder ces sujets avec leurs enfants pour leur bien-être.»

Briser le tabou pour une grande connaissance

Pour Boucoum Aïssata Boucoum, coordinatrice de l’association Citoyenneté-ELLES : « Il est difficile d’en parler à cause du tabou ou encore de la tradition sur la sexualité dans nos familles, entre membres d’une même famille. » Mais, grâce à l’instruction et à son travail dans les ONG militant en faveur de l’abandon de l’excision, Boucoum Aïssata Boucoum a pu convaincre sa mère d’arrêter d’exciser ses sœurs en raison des conséquences.

« Nous devons vraiment dépasser ce stade au regard de toutes les actions de sensibilisation menées pour briser le tabou pour une grande connaissance de ces questions », estime-t-elle.

Aminata Diarra, présidente d’une association féminine qui œuvre pour la promotion des droits sexuels et reproductifs, témoigne que parler de certains sujets dont l’excision, la planification familiale ou tout autre sujet lié aux corps de la femme n’est pas vu d’un bon œil dans certaines localités.

« Lorsque je menais avec les membres de mon association la lutte contre l’excision et la sensibilisation à l’adoption des méthodes contraceptives pour le bien-être de la femme et celui de l’enfant au sein de la communauté, cela n’a pas été facile, explique-t-elle.  Mais avec le dévouement et la persistance beaucoup de femmes ont compris et abandonné la pratique de l’excision. Elles ont assimilé le bienfait de la planification familiale pour leur épanouissement. »

« Les sujets liés au corps de la femme deviennent de nos jours de moins en moins tabous. Des mutations sont en cours », analyse le sociologue Souleymane Kamissoko.

Il ajoute que l’éducation des jeunes est le meilleur moyen pour avoir des résultats. Il convient alors de miser dessus en matière de santé sexuelle et reproductive.

Les enfants d’aujourd’hui sont les adultes de demain

La loi sur la santé de la reproduction, qui date de 2002, stipule dans son article 2 : « Les hommes et les femmes sont égaux en droit et en dignité en matière de santé de la reproduction. » La santé de la reproduction, objet de la présente loi, suppose que toute personne peut mener une vie sexuelle responsable, satisfaisante et sans peine. »  

Ainsi, chaque personne a le plein droit de décider de sa vie pour son bien-être.

Moussa, un chef de famille, non moins un adepte de la planification familiale, confie que grâce à l’utilisation des contraceptifs, son couple s’épanoui. « Depuis que je me suis marié, j’ai conseillé à ma femme les méthodes contraceptives pour le bonheur de notre foyer. Aujourd’hui, nous avons deux enfants : une fille de 6 ans et un garçon de 3 ans. Et ma femme est enceinte de notre troisième enfant. L’espacement des naissances est très important et au-delà de l’aspect sanitaire, il a un avantage économique. »

Ne serait-il pas mieux de voter et d’appliquer une loi portant sur l’interdiction de l’excision des jeunes filles ?

A l’ère du numérique, pourquoi ne pas briser davantage la glace sur toutes les questions liées aux corps de la femme ?

Rédigé par: rédaction Mousso Kunda.

Photo crédit: Iwaria.

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